Andry Rajoelina, fraîchement élu Président de la République de Madagascar clame haut et fort sa volonté de mettre enfin le pays sur les rails du développement. C’est ainsi qu’il affirme sa ferme volonté d’instaurer la bonne gouvernance, afin que les pratiques néfastes d’avant son élection cessent à tout jamais et qu’enfin, la corruption généralisée du haut en bas de la pyramide sociale et l’impunité totale de certaines catégories de criminels et de délinquants en col blanc ne soient désormais plus dorénavant que mauvais souvenirs.


Mais, comment aider le Président et son équipe dans cette noble tâche ? La Cour des Comptes est bien là, pour traquer les détournements de deniers publics et les malversations commises par les grands commis de l’Etat. Il rend régulièrement compte de ses constatations au grand public. On sait que les inspecteurs d’Etat ne remuent le petit orteil que sur ordre du Chef de l’Etat. Et on a vu ce qu’il en est lorsque ce dernier s’interpose, avec ce qu’il en est advenu des trois inspecteurs d’Etat qui se sont impliqués dans l’affaire Claudine Razaimamonjy. Evidemment, Andry Rajoelina n’est pas Hery Rajaonarimampianina, et on est en droit d’attendre beaucoup plus et mieux de lui.

Côté sociétés d’Etat, la liste est longue en ce qui concerne celles qui ont fait l’objet d’exactions diverses : Fanalamanga (bois), Kraoma (chrome), Artec (Autorité de régulation des technologies de communication), Air Madagascar, Aéroports de Madagascar et ainsi de suite.

Côté administration publique, les expropriations abusives de terrains appartenant à des collectivités et particuliers sont légion depuis ces dernières décennies, causant larmes er désolation. Les fraudes douanières et les trafics d’espèces animales et végétales protégées ont rendu de nombreuses personnes milliardaires au vu et au su de tous. Les établissements pénitentiaires ne sont qu’un lieu de transit plus ou moins court vers l’hôpital ou une autre ville, pour bon nombre de privilégiés.

Et il n’est pas rare d’entendre des malfaiteurs censés être en prison arrêtés sur les lieux d’un autre délit ou crime. Même dans les hôpitaux, le mal sévit. Les femmes enceintes orientées vers la césarienne bien qu’elles n’en aient nullement besoin seraient beaucoup plus nombreuses qu’on ne le croit, les ordonnances multiples et onéreuses pour un seul patient en connivence avec le pharmacien sont monnaie courante, et on en passe.


La tâche qui attend le Président et son administration est titanesque mais non impossible. On pense à Héraclès nettoyant les écuries d’Augias, dans la mythologie grecque. La population a ses maux et son mot à dire. L’idée des intellectuels membres du CREM de prôner l’alignement de tous les hauts responsables sur la concrétisation de l’IEM, à charge pour les récalcitrants de démissionner ou de se faire limoger n’est pas mauvaise en soi.

Pourquoi pas ? Aucun état d’âme n’est de mise quand il s’agit de l’intérêt supérieur de la nation.


B.S