Andry Rajoelina sera officiellement et solennellement investi dans ses fonctions de président de la République de Madagascar samedi 19 janvier prochain, au stade municipal de Mahamasina. Les honneurs suprêmes pour ce jeune battant de 44 ans, déjà maire de la capitale à 34 ans. Mais aussi un nouveau départ pour Madagascar, scotché depuis des décennies dans le top 5 des pays les plus miséreux de la planète.
Le président Rajoelina a triomphé de son adversaire en raison des mauvais souvenirs laissés par ce dernier durant son mandat et demi de présidence de 2002 à 2009, raisons qui ont déjà provoqué sa démission le 17 mars 2009, mais aussi et surtout grâce au nouvel espoir qu’ il a suscité avec son Initiative pour l’Emergence de Madagascar (IEM), auprès d’une population lasse de la gouvernance à chaque fois plus décevante de chacun de ses prédécesseurs.
En effet, l’ancien président de la Transition a promis un développement accéléré pour rattraper les retards cumulés de 59 ans d’indépendance en un laps de temps assez court de…5 ans, soit la durée de son mandat. Son surnom de TGV (train à grande vitesse) peut attester de la faisabilité d’un tel challenge. D’autant plus qu’ il a donné un aperçu de ses capacités de bâtisseur pressé lorsque, jeune maire « novice » de la capitale, il a réussi à ressusciter rapidement de ses cendres l’hôtel de ville de la capitale détruit dans un incendie le 13 mai 1972, soit 36 ans plus tôt, et alors qu’ il avait 36 ans. 36 plus 36 donnant 72 (1972), à se demander si les chiffres n’influent pas le destin de cet homme, comme on l’a vu avec sa devise issue de la Bible dans I Corinthiens 13 :13, son numéro de candidat qui est le 13, et aussi le fait qu’ il soit le 13ème Président de Madagascar.
Mais, revenons au nouveau départ que le Président Andry Rajoelina entend insuffler à son peuple dans cinq jours. En effet, non seulement le nombre des ministres sera revu à la baisse -21 ministères au lieu des 31 actuellement, plus l’inévitable secrétariat d’ État en charge de la Gendarmerie nationale rattaché au ministère de la Défense nationale, mais une meilleure parité hommes-femmes sera également observée. Par ailleurs, pour la première fois, la traditionnelle prestation de serment sur la Bible ne sera plus au programme, provoquant un véritable tollé pour ceux qui n'ont pas compris la mesure sur les réseaux sociaux.
Les 13 conventions de l' IEM conclues entre le Président et ses électeurs constituent un véritable programme de gouvernance dont le suivi de la mise en œuvre sera de beaucoup plus aisée qu’ avec le « Boky Mena » (Livre rouge) de Didier Ratsiraka ou le « Madagascar Action Plan » (MAP) de Marc Ravalomanana. Ces derniers constituant des ouvrages assez touffus que bien peu de Malagasy ont eu le loisir de parcourir de la première à la dernière page. Les conventions d’Andry Rajoelina, elles, s’étalent sur une simple double page facile à décrypter, allant de la priorisation de la paix et la sécurité, jusqu'à l’érection du sport en tant que fierté nationale, et en passant par l’énergie et l’eau, la lutte contre la corruption et pour une justice équitable, l’éducation et la culture, la santé, l’emploi, l’industrialisation, les femmes et les jeunes, l’autosuffisance alimentaire, les ressources naturelles, la modernisation de Madagascar et enfin le développement et la responsabilisation de nos territoires.
En somme, un programme alléchant et prometteur, conduit par un homme hyperactif et qui n’a pas l’habitude de faire dans la dentelle. Les Malagasy ont hâte d’en voir la concrétisation, le pays n’ayant que trop perdu de temps avec les blablabla des Présidents successifs qui ont beaucoup promis mais peu réalisé. On espère qu’ un jeune au pouvoir fera plus, mieux et plus vite que ses aînés des temps passés, raison pour laquelle l’électorat a tranché de façon aussi catégorique dans une élection qui a, entre autres, constitué un véritable choc entre deux représentants de générations assez éloignées l'une de l'autre.
B.S.