Une nouvelle a suscité la stupeur le matin du lundi 7 janvier 2019 : le siège du groupe de presse du milliardaire Mbola Rajaonah, RLM Communication, aurait flambé vers 2 heures du matin. Mais, en raison du contexte politique ambiant, et aussi de certains détails entourant ce drame, des questions se posent et attendent réponses.
D’abord, alors que l’enquête démarre à peine, l’avocate Hanitra Razafimanantsoa, porte-parole du candidat Marc Ravalomanana ne s’est pas gênée pour clamer sur la radio Mbs de ce dernier ce matin-là, que cet incendie ne pouvait qu’être criminel. A demi-mots, elle a accusé le camp d’en face –celui du candidat n°13- d’en être le commanditaire dans le but de terroriser celui du n° 25. En tant que juriste, on peut supposer qu’elle disposait d’informations fiables pour lui permettre de proférer une telle énormité. En attendant d’y voir plus clair, voyons les mobiles éventuels et à qui aurait pu profiter le crime, si crime il y a.
En effet, en matière de crime, rien ne se fait jamais sans raison. Pourquoi donc incendier le siège de RLM Communication justement à un jour de la proclamation des résultats du deuxième tour de l’élection présidentielle ? Discréditer le candidat Rajoelina aux yeux de la HCC ? Cette Cour travaille sur des chiffres, et elle est composée d’éminents magistrats qui savent bien qu’accusation ne vaut pas preuve. Ce n’est certainement pas des simples soupçons qui les auraient influencés dans leur verdict. Idem pour l’opinion publique tananarivienne qui n’est pas née de la dernière pluie.
Donc difficile à duper. Pour terroriser les partisans de Ravalomanana comme l’a déclaré Maître Hanitra ? Et puis quoi encore ? Le verdict de la HCC n’était plus que dans un jour et ensuite, les manifestations sur la Place du 13-Mai n’auraient plus aucune raison d’être. Inutile de sacrifier un immeuble pour une question d’un jour. A qui donc aurait pu profiter ce crime, au cas où l’incendie aurait été volontaire ? A des téléspectateurs, auditeurs ou lecteurs excédés par les mensonges et messages de haines concoctés et débités à longueur des journées en ces lieux ? Mais personne n’est obligé de regarder, écouter ou lire les productions de ce groupe de presse. Mais, de toute façon, toutes les hypothèses sont possibles et n’en garder qu’une seule juste pour salir l’adversaire n’a aucun sens. Espérons que l’enquête aboutisse pour établir la vérité.
Une chose est sûre : Andry Rajoelina n’avait aucunement besoin de s’abaisser à ordonner de telles mesquineries pour gagner l’élection, puisqu’il sait qu’il est populaire et adulé par une large frange de la population. Jouer au martyre pour attiser la colère des partisans fanatiques afin de regarnir les rangs clairsemés des manifestants du parvis de l’hôtel de ville pourrait toutefois être un mobile autrement plus plausible.
Bernard S.