L’ancien Premier ministre Mahafaly Solonandrasana Olivier vient d’officialiser son soutien au candidat Marc Ravalomanana. Ce grand baron du HVM s’est rendu tristement célèbre par son implication dans une affaire de détournement de deniers publics qui a conduit en prison la milliardaire proche du couple Rajaonarimampianina, Claudine Razaimamonjy.
En effet, suivant une enquête de trois inspecteurs généraux de l’Etat, c'était lui qui avait personnellement téléphoné au maire de la commune rurale d'Ambohimahamasina pour lui ordonner de transférer la subvention exceptionnelle allouée par l’Etat d’un montant de 396 492 444 Ariary sur le compte de cette dernière. Ceci, bien que le maire était récalcitrant, les travaux n’ayant pas été faits. Comme on est à Mada, Mahafaly n’est pas inquiété jusqu’à ce jour, et c’est l’un de ses proches collaborateurs qui croupit actuellement en prison à sa place. Mieux, de ministre de l’Intérieur, il est devenu chef du gouvernement, combinant ainsi les deux charges et en remplacement de l’ancien Premier ministre, le général Ravelonarivo qui aurait refusé de se laisser mouiller dans l’affaire.
Mais l’ancien numéro 2 de l’exécutif n’est pas le seul baron du HVM à avoir rejoint Marc Ravalomanana. Mbola Rajaonah, ancien proche conseiller de Rajaonarimampianina et financeur du HVM l’épaule également dans ce deuxième tour de la présidentielle. Lui dont les convocations au Bureau indépendant anti-corruption (BIANCO) sont quasi quotidiennes ces derniers jours. Propriétaire d’une agence de transit opérant à Tamatave, l’homme est surtout connu pour ses fraudes douanières qui l’auraient rendu multimilliardaire à l’heure actuelle.
On peut également citer la députée Robertine Rabetafika, celle-là même qui a gravement offensé les journalistes à l’Assemblée Nationale il y a quelques mois de cela, obligeant l’un des vice-présidents de cette institution à présenter des excuses officielles aux gens de la presse. Des photos d’elle en tenue d’Eve ont par la suite circulé sur les réseaux sociaux, ajoutant une couche au scandale et la faisant connaître encore plus, comme si c’était nécessaire. Enfin, elle figure dans la liste des 75 députés qui ont été rassemblés au restaurant Le Paon d’Or pour une probable distribution de mallettes remplies de gros billets (les protagonistes étant trop nombreux, l’affaire a rapidement fuité), et qui ont voté au forceps les lois électorales anticonstitutionnelles taillées sur mesure pour faire réélire Hery Rajaonarimampianina.
Enfin et non des moindres, il semblerait que, malgré son statut de locataire de la prison pour femmes de Manjakandriana, Claudine Razaimamonjy ait elle aussi rejoint le camp de Marc Ravalomanana, lui qui a été par le passé placé sous mandat de dépôt à la prison d’Antanimora pour corruption et sabotage d’entreprise et qui, plus récemment a été condamné dans l’affaire du 7 février 2009, dans laquelle la garde présidentielle a tiré dans le tas et à hauteur d’homme sur une nombreuse foule d’opposants devant le palais d’Ambohitsorohitra, sous prétexte qu’il s’agissait là d’une « zone rouge ». Pour ceux qui l’ignoreraient, la garde présidentielle ne reçoit d’ordre ni du ministère de la défense, ni des états-majors respectifs des corps (armée, gendarmerie, police) qui la constituent en partie, mais uniquement du Président en personne. A fortiori quand il s’agit d’une affaire gravissime comme celle-là.
Bref, du « beau » monde du camp de l’ancien président Rajaonarimampianina ont migré chez le candidat Ravalomanana dans le cadre de ce deuxième tour. Le motif de cette étrange « transhumance humaine » est limpide : tous ces inculpés se couvriront les uns les autres en cas de victoire ! Et bonjour l’impunité pour cinq nouvelles années. Qui se ressemble s’assemble, n’est-ce pas ? Seigneur, s’il ne s’agit pas là d’une association de malfaiteurs à la sauce politique politicienne, comme ça lui ressemble !
Bernard S.