Les forces de l’ordre, l’administration et même le système judiciaire à Morondava se montrent impuissants pour réprimer les trafiquants de bois de palissandre au niveau local. La forêt de Menabe Antimena est à la merci des trafiquants qui agissent en toute impunité. Il s’agit d’une aire protégée d’une superficie de 12 500 ha située à 60 km au nord de la capitale de Menabe,

sur la route de Belo-sur-Tsiribihina. Plus de 150 ha y étaient défrichés l’an passé. La « Durrell Conservation Trust », le gestionnaire du parc, et l’administration forestière peinent à épingler les cerveaux des coupes illicites à l’intérieur du parc. Selon nos informations, plus de 300 rondins de bois de palissandre y étaient découverts en août. Par la suite, on en a trouvé 120 et, dimanche dernier, les patrouilleurs sont tombés face à un lot d’une cinquantaine autre à bord d’un camion en flagrant délit.

Sous mandat de dépôt

Le groupe de contrôleurs a toutefois reçu l’ordre de ne toucher ni au véhicule ni aux bois illicites. Il leur a été interdit de procéder à l’enquête. Il est connu que le camion appartient à un jeune opérateur bien connu basé à Morondava au sobriquet à l’initiale F. Mais il n’est pas le seul à être sur le coup. Un réseau bien établi existe dans la capitale régionale et à Mahabo. Les bois illicites alimentent le marché local, en plein boum en raison de l’essor des activités écotouristiques. Une partie des marchandises illégales est écoulée sur Antananarivo grâce à la complicité à tous les niveaux.

Récemment, les forces de l’ordre ont arrêté des individus chargés de couper les arbres à l’intérieur de l’aire protégée. Le parquet de Morondava les a placés sous mandat de dépôt. La justice aurait demandé l’arrestation et l’emprisonnement des cerveaux à la place de leurs serviteurs. Mais personne n’a donné suite à cette injonction jusqu’ici.

Coup d’épée dans l’eau

Face à la décevante situation, la Durrell Conservation Trust envisage de dire aux bailleurs d’arrêter le financement tant que la partie malagasy est incapable de faire cesser le trafic illicite. La communauté de base coopérant avec le gestionnaire aussi est au bord du désespoir. La forêt de Menabe Antimena est une zone de conservation pour la faune et la flore. Elle est aussi un site de recherche pour des scientifiques nationaux et internationaux.

Jusqu’ici, les appels des hauts responsables étatiques de passage dans le Menabe n’ont pas été suivis d’effet. Tour à tour, le Premier ministre Christian Ntsay et le Chef d’Etat Rivo Rakotovao ont mis l’accent sur le respect de la loi, la gouvernance et l’intégrité. Ils ont même tenu des propos assez sévères dans ce sens. Mais, jusqu’à preuve du contraire, leur mise en garde ressemble à un coup d’épée dans l’eau.

M.R.